giovedì 11 luglio 2013

si ce n'est pas nous

— Tu te souviens quand un moustique s’était fourré tout au fond de ton oreille pendant deux heures ?
— Oui, dit Raphaël en souriant. Son vrombissement me rendait fou.
— Et on craignait que tu ne deviennes vraiment fou avant la mort du moustique. On a fait le noir complet dans la maison, et j’ai tenu une bougie tout contre ton oreille. C’était une idée du curé Grégoire : « On va t’exorciser, mon bonhomme. » Ses blagues de curé, quoi. Tu te souviens ? Et le moustique a rampé hors du canal jusqu’à la flamme. Et il s’est brûlé les ailes avec un petit bruit. Tu te souviens du petit bruit ?
— Oui. Grégoire a dit : « Le diable crépite dans le feu de l’enfer. » Ses blagues de curé, quoi.
Adamsberg attrapa son pull et sa veste.
— Tu crois que c’est possible, très possible ? reprit-il. De tirer notre démon hors de son tunnel avec une petite lumière ?
— S’il est dans notre oreille.
— Il l’est, Raphaël.
— Je le sais. Je l’entends, la nuit.
Adamsberg enfila sa veste et se rassit à côté de son frère.
— Tu crois qu’on le fera sortir ?
— S’il existe, Jean-Baptiste. Si ce n’est pas nous.

Fred Vargas, Sous les vents de Neptune